Agis ta Terre à la découverte de l'entrepreneuriat social

RESPONDE

village

En Argentine l’exode rural est une réalité. Près de 90% de la population du pays vit dans les grandes métropoles, à la recherche de conditions de vie meilleures. Les villages les plus reculés sont délaissés et 600 sont aujourd’hui menacés de disparition. Les petits exploitants souffrent de la concurrence des grands groupes agroalimentaires, les incitants à rejoindre la ville pour y travailler. La fermeture des voies ferrées, reliant autrefois les villages entre eux, et la détérioration de l’état des routes et des infrastructures de Santé et d’Education les ont poussés encore un peu plus à quitter leur communauté. Pendant ce temps la violence dans les grandes villes connait une forte augmentation et les services publics périclitent.

Marcela Benitez, géographe et sociologue de formation, a effectué un travail sur la mort lente de ces contrées. Chercheuse universitaire au National Research Council for Science and Technology (CONICET), elle a sillonné le pays sept années durant pour tenter de solutionner ce problème. Espérant orienter les politiques gouvernementales elle a soumis différentes idées visant à redonner un dynamisme économique à ces régions. Deux années plus tard elle réalise qu’elle doit incarner elle même cette force de changement et crée l’association Responde pour leur venir en aide. Avec le soutien des secteurs privés, publics et universitaires, cette entrepreneuse sociale ancre des projets sociaux et économiques dans ces villages, impliquant leurs habitants sur le long terme.

Pour nous rendre compte des actions mises en place, nous décidons d’aller à la rencontre de l’une des communautés soutenues par l’association, celle d’Andalhuala et de ses habitants, dans le Noroeste du pays.

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centre responde

Terre de gauchos aux innombrables richesses historiques, ses routes s’entrelacent entre des montagnes aux couleurs flamboyantes et clairsemées de cactus. Après une journée de voiture nous trouvons l’accès au village par un petit chemin caillouteux. Nous sommes noyés par l’immensité du paysage aux grands plateaux de terres arides. En cette fin d’après midi d’hiver le vent souffle fort et seul le centre Responde semble être animé. Jérémie l’un des trois volontaires français nous accueille.

Dans cette petite commune de 300 habitants les jeunes cessent généralement l’école assez tôt pour aider leurs parents à la ferme. Les problèmes d’alcoolisme, liés au fort de taux de chômage, y sont les principaux fléaux. Pourtant la région compte des ressources naturelles et culturelles insuffisamment valorisées. Il nous a suffit d’accompagner Simon une matinée, le guide attitré du village, pour nous en persuader. Marcela en est consciente et le développement de l’offre touristique constitue une part importante de son programme. Pour l’heure, un hôtel et un restaurant sont les seules infrastructures d’Andalhuala.

Sa stratégie repose également sur la construction d’un espace communautaire, le centre Responde, offrant une ouverture sur les technologies et l’éducation. L’accès à internet y est proposé, permettant de rompre l’isolement des villageois. La vente d’objets artisanaux en ligne est désormais envisageable, comme les meubles en bois de cactus, et les adultes peuvent compléter leur formation à distance. Une pièce est réservée au musée qui se veut le gardien de l’identité historique de la communauté. La bibliothèque répertorie un grand nombre d’ouvrages, rassasiant les curieux de lecture, et les langues et l’informatique sont enseignées quotidiennement par les volontaires.

De par son énergie Marcela, à elle seule, est en passe de redynamiser des régions oubliées et inverser la tendance à l’échelle nationale.

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